Résumé Espace périphérique du territoire sénégalais, la Haute-Casamance bénéficie d’une rente frontalière extraordinaire, localisée au carrefour de trois pays aux politiques monétaires et économiques très différentes : la Gambie, la Guinée-Bissau et la Guinée-Conakry. Les pénuries alimentaires chroniques et les énormes besoins des régions périphériques des États guinéens en guerre civile avaient favorisé, déjà dans les années soixante-dix, l’émergence de marchés hebdomadaires, les loumo , dans le Sud du Sénégal en parallèle au commerce séculaire organisé par les jula. Les échanges marchands transfrontaliers se sont ensuite intensifiés et diversifiés avec l’accession à l’indépendance de la Guinée-Bissau et la libéralisation économique de la Guinée-Conakry, puis dans les années quatre-vingt-dix, avec la limitation de l’emprise territoriale de l’État sénégalais et son désengagement de l’économie. Si une part très importante des populations villageoises vit en partie grâce au petit commerce et à la fraude transfrontalière, les grands opérateurs qui contrôlent l’importation et le transport des marchandises sont étrangers à la région et y réinvestissent peu leurs bénéfices. Cela hypothèque sérieusement les possibilités de structuration par le biais des loumo de l’espace commercial de cette région faiblement urbanisée et mal reliée aux réseaux d’approvisionnement nationaux. Les nouveaux débouchés pour les produits agricoles favorisent peu la diversification de l’agriculture casamançaise face à la concurrence des produits originaires des régions guinéennes et sahéliennes aux circuits commerciaux mieux organisés.
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Fanchette, S. (2001). Désengagement de l’État et recomposition d’un espace d’échange transfrontalier : la Haute-Casamance et ses voisins. Autrepart, n° 19(3), 91–113. https://doi.org/10.3917/autr.019.0091
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